C’est un moment craint par de nombreuses personnes vivant ici : l’arrivée de l’hiver et des basses températures, alimentée par l’anticyclone de Sibérie (Pékin ne se situe qu’à 1500 kilomètres du lac Baïkal), et coïncidant avec le redémarrage officiel des centrales de chauffage au charbon. Cette pollution des centrales à charbon s’ajoute à la pollution plus classique, essentiellement d’origine industrielle et automobile. Ainsi chaque année, la Chine, ayant encore peu d’énergies “propres”, se trouve fort dépourvue quand la bise fut venue (sic).

Pic de pollution, circulation alternée, gratuité des transports en commun et du stationnement, mesures de précautions, l’actualité atmosphérique de ces derniers à Paris nous rappelle des problèmes qui font déjà le quotidien des métropoles chinoises et asiatiques depuis plusieurs années malheureusement. Et à Shanghai, la pollution hivernale sévit déjà depuis plusieurs semaines.

Dans les lignes qui suivent, nous vous proposons de faire un petit tour d’horizon de l’histoire récente, des outils, services et pratiques digitales locales à ce sujet.

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Un documentaire choc, visionné 150 millions de fois en 3 jours puis censuré

Au début de l’année 2015, peu après la période festive du Nouvel An Chinois, le web chinois a vu apparaître un ODNI (objet digital non identifié) sous la forme d’un documentaire appelé Under the Dome. À mi-chemin entre une vidéo de conférence TedX et le documentaire An Inconvenient Truth sorti en 2006 sur la campagne d’Al Gore contre le réchauffement climatique, la réalisatrice Chai Jing grâce à son expérience professionnelle de journaliste passe en revue, et de manière détaillée les différentes raisons de la pollution rencontrée en Chine.

Si la personnalité de la journaliste et le format du documentaire peuvent prêter à controverse, celui-ci a fait grand bruit et semble avoir laissé le pouvoir chinois dans le doute un certain temps, le laissant accessible plusieurs jours avant d’être finalement censuré après 300 millions de visionnage. Encore aujourd’hui, il est difficile de savoir si ce documentaire et son buzz incroyable ont été savamment orchestrés par les autorités, ou s’il fut un coup de gueule citoyen phénoménal.

Ci-dessous, le documentaire toujours disponible et sous-titré en français (VPN nécessaire depuis la Chine):

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Les applications et services pour suivre l’évolution de la pollution

Pour suivre la pollution, en particulier celle aux particules fines comme le PM2.5 et PM10, il est d’usage désormais de suivre ce que l’on appelle l’AQI (pour Air Quality Index). De fait, ce suivi de l’AQI est déjà intégré dans de nombreuses applications et sites internet populaires utilisés par les chinois.

Apple Meteo, Moji, Baidu

Copies d’écran des applications Apple Meteo et Moji, et de la page d’accueil de Baidu

Examples ci-dessus avec les applications Méteo d’Apple et Moji Weather (très populaire en Chine), ou encore sur la page d’accueil du moteur de recherche Baidu.

Air Matters

Air Matters App

Une application très populaire ces dernières années, Air Matters propose son service sur la plupart des villes chinoises, et son avantage réside dans l’agrégation des données dans le temps (quand les données sont disponibles et/ou ont été enregistrées) et une carte navigable de l’AQI en temps réel.

Application pour iOS et Android.

China Air Quality Index

China Air Quality Index App

Une autre application très populaire et parmi les plus ancienne, China Air Quality Index offre une visualisation un peu différente, via des graphiques de l’évolution de la situation des dernières 24h et des 30 derniers jours, basés sur les différentes stations d’une ville donnée.

Application pour iOS et Android.

Plume Labs

Cocorico, Plume Labs est une start-up française qui, hormis le fait d’avoir recruté dans le passé une patrouille de pigeons pour surveiller la pollution à Londres, propose un outil prédictif de la pollution ainsi que des capteurs connectés et une plateforme de données avec accès à leur API. Et c’est l’outil idéal pour comparer la pollution entre les villes et les pays.

Application pour iOS et Android.

 

Sites internet

Pour ceux qui souhaitent pouvoir connaitre l’AQI depuis votre ordinateur, allez jeter un oeil au site http://aqicn.org/, et vous pourrez choisir parmi de nombreuses villes comme Pékin (par défaut), Shanghai, Hong-Kong, Singapour et même Paris ! Ou vous le laisserez trouver l’indicateur le plus proche de chez vous.

À noter, ce site offre également une liste très complète de liens (pour la plupart en anglais) sur le sujet de la pollution atmosphérique: http://aqicn.org/links/

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Les techniques pour se protéger

Les masques

Des masques en vente sur TaobaoInstrument majeur de la lutte contre la pollution, le masque est aussi devenu un accessoire de mode en Chine, les sociétés redoublant d’ingéniosité pour rendre leurs produits plus attrayant les uns que les autres.

Il est à noter que l’utilisation des masques est assez répandue en Chine, non seulement pour se protéger de la pollution, mais aussi en cas de maladie (pour éviter d’infecter ses proches), et en cas de très basses températures (et oui, un masque ca peut aussi tenir chaud).

Les purificateurs d’air

Repeat after me: 空气净化器 (kōngqì jìnghuà qì). Le marché chinois a vu débouler toutes ces machines aux formes diverses et variées, avec des variations de prix pouvant donner le vertige. Si je ne vais pas vous faire le tour des produits, certains méritent néanmoins un petit coup de projecteur pour des raisons différentes.

Purificateurs d'air en chinois

Smart Air est issue d’une initiative d’étudiants basés à Pékin, expérimentant la création d’un purificateur d’air en mode DIY (de l’anglais Do It Yourself, “faites-le vous même”), et en évaluant son efficacité et sa performance. D’expérimentation réussie, le projet s’est transformée en entreprise sociale, avec des ateliers itinérants dispensés dans les grandes ville pour enseigner à tout à chacun comment créer son propre purificateur, et en aidant à trouver et acquérir le matériel nécessaire. Et tout cela pour des couts très raisonnable.

Leur site internet se trouve ici: http://smartairfilters.com/cn/en/ et vous pouvez également acheter leurs kits sur leur propre page Taobao: https://smartair.taobao.com/

Purificateur Xiaomi 2Xiaomi, le mastodonte de la téléphonie mobile chinoise né en 2010, et connu pour ses interactions avec ses fans/clients sur les forums et les réseaux sociaux, a entamé une stratégie de diversification en s’attaquant à d’autres produits de grande consommation avec toujours la même technique : un effort sur le design, une connection avec l’écosystème Xiaomi ou à défaut un smartphone, une innovation avec des produits évoluant d’une année sur l’autre, et surtout des prix défiants toute concurrence. Et tout naturellement, le purificateur d’air figurait bien haut sur la liste des produits à “disrupter” en priorité.

Cette année, Xiaomi a donc sorti la seconde mouture de son purificateur, le Mi Air Purifier 2 (chinois / anglais), qui s’achète pour 700 yuans (soit un peu moins de 100 euros) et qui non seulement purifie l’air, mais sert également de capteur AQI pour contrôler la qualité de l’air chez soi. Une version pro vient aussi compléter la gamme pour les besoins plus importants.

Et voilà pour ce petit point sur la pollution en Chine, et le rôle du digital pour faire avancer les choses.

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à intervenir et laisser un commentaire ci-dessous !