Riche d’une histoire millénaire, l’Empire du milieu a une relation toute particulière à son patrimoine. Parfois renié, relatif ou encore valorisé de manière exponentielle… Désormais le gouvernement se prononce en faveur de sa préservation et tente le tout pour le tou-risme. 

Un “défaut d’être” occidental ?

Je m’interrogeais souvent à Shanghaï en croisant des panneaux apposés sur divers bâtiments avec la mention “relique culturelle”. Cela sans beaucoup d’autres explications. À mon installation dans cette ville, je me suis sentie quelque peu dépassée par le manque, si ce n’est les galeries et musées digitaux, de culture “en dur”. Habitude ou “défaut d’être” français ? 😉

Il est vrai que si l’on parle souvent de Paris comme d’une ville-musée, ce n’est pas vraiment le cas de Shanghaï. Les parties anciennes de cette capitale marchande correspondent, selon l’idée générale, aux concessions, Bund, jardins et temples et à la vieille ville. Cela s’explique par le rapide essor de ce qui n’était initialement qu’un petit port. Les lieux de vie sont grandement touchés par la facilité que les chinois ont à démolir et rebâtir.

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Prenons l’exemple des “lilong”, habitat typique shanghaïen et des “shikumen” (portes en pierre). Ces authentiques villages dans la ville sont au fur et à mesure détruits au profit de tours et de barres. Il est évident que les conditions de vie ne correspondent plus aux standards modernes. Pourtant le Xintiandi rénové témoigne bien de son insertion réussie dans le coeur de la ville.

La gestion culturelle des sites

De plus en plus développé, le tourisme en Chine est pourtant encore récent. Autant que la notion de patrimoine. Lan Xinzhen, journaliste au Beijing Review, écrit : “Dans l’esprit du peuple chinois, protéger les reliques culturelles est une responsabilité du gouvernement. Pourtant, il manque à ceux-ci les connaissances élémentaires de la préservation. Les vestiges sont l’incarnation de la culture et les archives de l’héritage d’une nation. Ils nécessitent une participation massive pour être sûr que ces sites précieux soient maintenus et protégés efficacement (…).” – 28 Février 2019

muraille chine patrimoine

La Grande Muraille a été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1987. Face aux besoins de la plus grande construction humaine jamais réalisée, le gouvernement a autorisé une collecte de fonds à laquelle plus de 100 000 personnes ont participé. Un bel exemple qui a su mobiliser l’opinion publique.

La gestion des sites touristiques est parfois étonnante pour un oeil européen. De grands palais vides de toute âme ou de tout meuble, un bétonnage parfois agressif et d’étranges cohabitations entre immeubles et vestiges… Mais c’est peut-être ainsi que la Chine, paraissant parfois si éloignée de nos us, prend le dessus sur une Europe-musée. Avec une main d’oeuvre dynamique, forte de son tourisme et à la pointe de nombreux défis technologiques, ce pays sait conjuguer les temps pour revaloriser ses traditions en les liant au futur.