C’est un des rares entrepreneurs chinois, ayant su se créer une réputation aux yeux du grand public à l’international. Il personnifie à lui seul l’écosystème économique du digital chinois. Il est à la fois le meilleur représentant corporate et l’homme le plus riche de Chine. Essayons à travers cet article de mieux connaître ce parcours et ce succès atypique.

Les débuts de Jack Ma, co-fondateur du groupe Alibaba

Jack Ma (Ma Yun) est né en 1964 dans la province de XXX. Il est le fils d’un expert très renommé dans le milieu de l’opéra. Il grandit donc dans un environnement très imprégné par la culture chinoise. Mais le jeune homme de l’époque a des goûts différents. Dès l’adolescence, il se passionne autour de nombreuses choses ayant trait avec la culture anglo-saxonne. Lui-même rapporte qu’il a appris les bases de la langue anglaise, en se déplaçant régulièrement à vélo dans les quartiers d’expatriés et de touristes de sa ville pour entamer des discussions et proposer ses services pour des visites touristiques, ouvrant par la même occasion ses horizons et sa culture. « Jack » est un prénom donné par un touriste américain, rencontré dans ses jeunes années. Cette curiosité pour un monde différent lui fait faire des rencontres capitales, aujourd’hui apparaissant essentielles dans le destin que cet homme s’est forgé. Il fait la rencontre de la famille Morley et de leurs trois enfants, venus par le biais de l’Association d’amitié sino-australienne, une organisation sympathisante de la Chine communiste. Il se lie d’amitié avec David, un enfant du même âge. Jack reste en contact avec cette famille, leur écrit des lettres demandant des corrections et des conseils sur son anglais. Cette famille australienne revient lui rendre visite, rencontre sa famille et l’emmène avec eux dans leurs excursions touristiques. Cette amitié dure encore aujourd’hui. La famille Morley a financé les études de Jack Ma, lui a offert un appartement à Hangzhou pour son mariage (valeur de 15 000 euros).

Il voit toujours régulièrement son ami d’enfance, dirigeant aujourd’hui un centre de Yoga en Australie. Ils partent chaque année en vacances ensemble.

Le paradoxe de cette histoire est que la famille Morley pensait sans doute aider à l’édification du socialisme en Chine en aidant un jeune talent prometteur. Elle aura été un pilier dans le développement de la personnalité emblématique du néo-capitalisme chinois.Le parcours professionnel de Jack Ma est un parcours du combattant, fournis en échecs et contretemps. Il rate deux fois le « Gaokao », l’équivalent du baccalauréat français. Il l’obtient au troisième passage, mais avec un score insuffisant pour suivre la voie royale et entrer dans les meilleures universités du pays. Il entre à « Hongzhou Normal University », où il suit une formation pour devenir professeur d’anglais. Il enseignera au collège de la ville d’Hongzhou, après avoir obtenu son diplôme en 1988.

Une de ces citations sur l’échec menant à la réussite est devenue très célèbres sur Internet et les pages de « Self-development » : « J’ai échoué 3 fois à l’université. J’ai postulé 30 fois pour avoir un boulot mais j’ai toujours été rejeté. Quand KFC est arrivé en Chine, nous étions 24 à postuler et j’ai été le seul à être rejeté. Je voulais rentrer dans la police et sur 4 candidats j’ai été le seul à ne pas être accepté. J’ai postulé 10 fois pour rentrer à l’université d’Harvard aux USA et j’ai été rejeté. »

Les débuts professionnels de Jack Ma sont difficiles. Il lance son agence de traduction, mais les demandes sont encore rares.

L’événement clé dans la vie de Jack Ma, la découverte d’Internet

Au milieu des années 90, un différend oppose la municipalité de Tonglu, une ville voisine de Hangzhou, à une entreprise américaine. Ce voyage changera la vie de Jack Ma.

Le récit de ce voyage est rocambolesque en tout point. Lors de ce voyage, Jack se retrouve séquestré par des hommes armés dans une maison de Malibu, puis emmené de force à Las Vegas. Il est libéré au bout d’un mois, sans pouvoir récupérer l’argent demandé. C’est aussi lors de ce séjour, qu’il découvre Internet…

Jack Ma est fasciné par un site web qu’il découvre alors qu’il séjourne chez des amis à Seattle en 1995 : un annuaire des entreprises et des services administratifs. Sur le moteur de recherche de l’ordinateur, Jack Ma tape « Chine », et rien ne sort ! Il y voit une formidable opportunité pour faire du business en Chine. Il fait une refonte de la page web de son agence de traduction et dès le lendemain, grâce à l’inbound marketing, les demandes de traduction venant de clients du monde entier (USA, Japon, Allemagne) affluent.

Il lance « China pages » peu de temps après son retour au pays, un annuaire d’entreprises chinoises, quelques mois à peine après la première connexion internet chinoise dont l’histoire a retenu la date : 17 mai 1994. Il lance cette première entreprise avec 2000 dollars.

Il faudra encore des années à Jack Ma pour trouver le concept d’Alibaba. Ses débuts sur le Web ne sont pas flamboyants. Les entreprises chinoises ne voient pas la nécessité de s’inscrire sur un annuaire sans lecteurs, dans un pays encore très peu connecté.

Pionnier, Jack Ma est en concurrence avec d’autres entrepreneurs chinois mieux équipés que lui, parfois diplômés de Standford ou d’autres universités américaines, et qui rencontrent un succès immédiat avec la création de portails utilisés par les premiers internautes du pays : Sina, Sohu, Netease…

Les premiers pas d’entrepreneur de Jack Ma sont un échec, et il doit même prendre un travail de fonctionnaire au ministère du Commerce extérieur pour survivre.

 

Jack Ma se confronte à un gouffre culturel et un manque de connaissances autour de l’Internet et des nouvelles technologies à cette époque en Chine. Un fait intéressant le rend attachant. Pour défendre ses idées, Jack Ma doit faire de l’évangélisation. Il n’hésite pas pour appuyer la force de ses idées à recourir à de petits mensonges. Il se sert d’un livre de Bill Gates, traduit en Chinois et diffusé en 1995 pour citer le fondateur de Microsoft pour étayer le moindre de ses propos, quitte à lui attribuer des déclarations imaginaires :

« L’Internet va changer tous les aspects de la vie des êtres humains. »

Jack Ma se justifie par le fait qu’il n’avait pas le statut de Bill Gates en 1995 pour convaincre avec autant d’efficacité sur le potentiel d’Internet : « Si j’avais dit “Jack Ma pense que l’Internet va changer la vie des gens‘, qui m’aurait cru ? Et je pensais que Bill Gates le dirait vraiment un jour’… »

Le début du succès pour Jack Ma, avec le lancement d’Alibaba

Sa troisième société est celle du succès : Alibaba voit le jour en 1999. Grand amateur de récits d’arts martiaux et de mythologie depuis son enfance, il aime l’image de « Sésame, ouvre-toi ». Le mot Alibaba est transculturel et a l’avantage d’être en tête dans l’ordre alphabétique… Opportunité de « naming » choisi faisant une partie du succès de la plateforme.

Lors d’une réunion avec quelques amis dans son minuscule appartement de Hangzhou, Jack Ma expose son projet : pour se distinguer des portails de Pékin qui ont gagné la bataille du grand public, Alibaba se consacrera aux petites entreprises, et sera d’entrée de jeu internationalisé.

 

A la fois plateforme de « B-to-B » (business to business) et de mise en relation entre l’offre et la demande, Alibaba va grandir aussi vite que la Chine et l’Internet chinois.

Début 1999, au lancement d’Alibaba, il n’y avait qu’un million d’internautes en Chine. Mais ce chiffre devait doubler dans les six mois suivants, pour atteindre les 17 millions d’utilisateurs à l’été 2000…

 

Rapidement l’entreprise attire les grands investisseurs, comme la banque Japonaise softbank, mais le grand décollage se fait avec l’acquisition de 40% des parts de la société par Yahoo, pour 1 milliard de dollars. La croissance d’Alibaba est à deux chiffres chaque année depuis sa création. L’entreprise complète son offre e-commerce en 2003 par Taobao, une plateforme « C-toC », ayant aujourd’hui le plus grand nombre de visites au monde. Une véritable entreprise écosystème se créait avec Jack Ma comme CEO. Alipay est lancée en 2014, et est déjà aujourd’hui la plateforme de paiement la plus importante au monde.

Jack Ma aujourd’hui

Alibaba entre sur les marchés financiers à New York en 2014. C’est une des entrées en bourse les plus fracassantes de l’histoire de la finance. La puissance financière d’Alibaba est comparable à celle des grandes entreprises américaines, les GAFA. Jack Ma est désigné l’homme le plus riche du monde en Aout 2016, par le journal référent « Bloomberg Billionaire Index », avec une fortune évaluée à 34,5 milliards de dollars.

Cette immense fortune est dûe à deux facteurs :

  • Sa participation historique à la création du géant Alibaba
  • Des parts importantes détenues sur la société Alipay

Aujourd’hui Jack Ma diversifie ses investissements en achetant une équipe de football, le « South China Morning Post » basé à HongKong et référence des journaux chinois.

Il détonne dans le monde très privé et restreint des milliardaires, généralement plus secret avec une communication et une mise en scène très contrôlée. Jack Ma lui n’hésite pas à participer à des shows dans des positions qui pourraient nuire à son image. La sympathie des gens pour ce personnage vient en grande partie de cette décontraction naturelle.Retrouvez nous sur TwitterFacebook et Linkedin pour encore plus de contenus !