« Le Métavers est semé de grands dangers et l’humanité doit en prendre le contrôle avant qu’il ne soit trop tard » (David Reid). Courant décembre 2021, Guillaume Lieb écrivait un article (lire l’article) nous expliquant ce qu’était le Métavers. C’est un projet porteur d’opportunités pour notre société. J’aimerais aujourd’hui rebondir sur cet article car il est vrai qu’il représente une énorme révolution pour notre société. Il impactera pour sur de manière positive nos manières de vivre et de consommer. On tend beaucoup à parler des opportunités incroyables que pourraient nous offrir cette nouvelle innovation. En revanche, on ne parle pas des menaces et dangers qui pèsent sur ce projet. On ne parle pas non plus des conséquences néfastes qui pourraient en découler. Cet article vise à sensibiliser la population sur le Métavers car il présente des dangers non négligeables.
Qu’est-ce que le Métavers ?
Le Métavers est un monde virtuel fictif. Ce terme est régulièrement utilisé pour décrire une future version d’Internet où des espaces virtuels, persistants et partagés sont accessibles via interaction 3D. Son principal objectif est de permettre à la population de mener une vie complète tout en restant chez eux. Le concept est né en 1992 lorsque Neal Stephenson a écrit le livre : “La Samouraï Virtuel”. Ce livre fut la source d’inspiration des entrepreneurs de la Silicon Valley faisant ainsi du Métavers leur objectif principal. Les possibilités du Métavers sont énormes. En effet, demain on peut imaginer danser en boîte de nuit avec ses amis sous la forme d’un avatar, gravir le mont Everest à travers un casque de réalité virtuelle, voir un match de basketball ou football en direct depuis son salon ou encore faire des réunions et conférences dans des bureaux / salles de conférences numériquement reconstituées.
Une innovation dangereuse pour les minorités ?
Cependant, les aspects négatifs de cette technologie viennent fortement contrebalancer les aspects positifs de la technologie.
Le premier point qui inquiète concerne le harcèlement en ligne. C’est ce qu’explique le directeur des nouvelles technologies de Meta, Andrew Bosworth. Il affirme que pour le moment et avant même d’exister, le Métavers est incontrôlable sur le plan de la modération. Il alerte sur le fait qu’il pourrait devenir un environnement toxique pour femmes, enfants et minorités. Lorsque l’on voit aujourd’hui les dégâts que peuvent causer les réseaux sociaux en termes de harcèlement, on peut facilement comprendre les dégâts que pourrait causer le Métavers. En effet, il favorisera les interactions entre des personnes réelles plongées dans un monde virtuel. De nos jours, il est récurrent que des personnes créent de faux profils afin de pouvoir harceler ou avoir des comportements inappropriés.
Comment cela se passera-t-il lorsqu’on leur donnera un accès direct et en temps réel dans un monde virtuel. Le Métavers leur permettra d’instaurer un contact direct avec les minorités, les enfants et les femmes. La complexité du sujet vient du fait qu’à terme, il faudrait surveiller les interactions de millions voir de milliards d’utilisateurs. Cela sera difficilement réalisable et la régulation des contenus haineux ou de désinformation ne serait pas contrôlable à grande échelle.
Les dangers du Doxing
La question de la lutte contre le doxing peut se poser quant à la création d’un Métavers. Le doxing représente la divulgation de données personnelles. Il consiste à rechercher et divulguer sur internet des informations sur l’identité et la vie privée d’un individu dans le but de lui nuire. Un article a été ajouté dans le code pénal pour lutter contre le phénomène mais il semble que cela n’a pas grande efficacité. Comment prouver qu’un auteur de doxing dans le Métavers agit en vue d’exposer les membres de sa famille à un risque direct d’atteinte à la personne ou aux biens. Les experts confirment que ce n’est actuellement pas possible.
L’enjeu de la collecte de données
Le volume de données que va devoir collecter le Métavers pose également des questions. En effet, il aura un impact forcément négatif sur les sujets de protection de données et de l’environnement. En effet, le Métavers constitue et va constituer un espace inédit de collecte de données. Pour pouvoir être mis en place, le projet va requérir un flux monumental et sans précédent de données. Sur le plan technique, des questions vont se poser. Les projets qui seront proposés devrons fournir des garanties de cybersécurité. Il faut que monde puisse s’assurer que les données de chacun récoltées par le Métavers seront protégées en toute circonstance. Sur ce point précis, les Big Tech n’auront pas le droit à l’erreur. En effet, une seule faille de sécurité pourrait permettre à des hackers de corrompre l’ensemble du système.
Une question d’ordre juridique va également se poser à l’heure ou l’Europe, par exemple, est régit par les principes RGPD. Le Métavers pourra-t-il se confronter aux principes de RGPD ? Faudra-t-il ratifier de nouveaux principes relatifs à protection de données ? L’autre problème concernant la collecte de données nécessaire au fonctionnement du Métavers sera la pollution numérique. En effet, selon Hugues Ferreboeuf, “Ce métavers concernera 10 à 15 % de la population mondiale”. C’est un chiffre énorme et qu’il faudra prendre en compte. En effet, on ne peut plus se permettre de polluer notre planète qui souffre du réchauffement climatique.
Le Métavers : quels effets sur les humains et la société ?
Enfin, on peut se poser des questions sur les effets que pourraient avoir le Métavers sur nous les humains. Que ce soit sur le plan de notre santé ou de la société. Le vrai problème du Métavers est qu’on ne peut pas à l’heure actuelle quantifier et qualifier les risques. En effet, on peut imaginer que le Métavers pourrait avoir des répercussions psychologiques sur ses utilisateurs en altérant leur vision de ce qui est réel ou virtuel. Qu’en serait-il des personnes défavorisées, malades ou des seniors ? Comment auraient-elles accès à cette technologie ? Cela voudrait-il dire qu’une partie de la société sera condamné à vivre à l’écart de notre société ?
Entre menaces et opportunités, quel avenir pour le Métavers ?
Nous venons d’évoquer les menaces et dangers les plus importants mais ce n’est que la partie émergée de l’Iceberg. En effet, beaucoup d’autres menaces et dangers viendront certainement freiner l’avancée des projets. Tous les points et les questions que nous avons évoquées montre à quel point nous ne sommes pas prêts à accueillir le Métavers dans notre monde. La révolution de l’internet est en marche et on ne pourra pas l’empêcher. C’est pourquoi il faut ratifier dès à présent des règles pour encadrer le développement du Métavers. C’est le rôle des états et des organisations mondiales de s’assurer que les Big Tech ne brûlent pas les étapes. Ils doivent s’assurer que le Métavers sera bénéfique et non pas un fardeau supplémentaire à porter pour notre société.
Bien-sûr, le Métavers ne représente pas que dangers et menaces. Si l’on prends l’exemple de la dernière pandémie, beaucoup d’enfants n’auraient pas eu cours s’il n’y avait pas eu la visioconférence. Le Métavers va ainsi ouvrir de nouvelles possibilités à la recherche qui feront certainement progresser la société.
Bibliographie
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